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Blog d'un obscur auteur asperger amateur atteint de graphorrhée où on rencontre des jeunes filles fuligineuses, des nains de jardin érudits, des clavecinistes asociaux et des Gainsbourg uchroniques...

Uchronies Gainsbouriennes - La Satiété du Spectacle -

Voici une série de textes qui se veulent des pastiches, c'est-à-dire qui utilisent les recettes de Serge Gainsbourg ( citer plusieurs œuvres littéraires, musicales ou picturales dans une chanson, chanter en adoptant le point de vue d'un dandy décadent cynique, dépressif et légèrement pervers aux entournures, vous adresser à une femme fatale ou à une lolita qui vous ignore ou que vous méprisez, mettre en relief certains jeux de mots ou baser toute votre chanson sur une ou plusieurs onomatopées, faire du "name-dropping" et citer des noms de marques comme s'il s'agissait de substantifs, etc.) ou qui explorent des domaines qu'il n'avait pas pu ou voulu aborder, le tout dans une optique plus ou moins respectueuse.

Ces écrits sont aussi l'occasion de mélanger des univers à priori incompatibles (Gainsbourg et les emos, Kraftwerk, etc.)

 

Pour finir, voici la toute première uchronie, née d'un pari qui a eu les funestes suites que l'on connaît.

On peut voir ce texte comme la rencontre entre Brian Ferry, la mèche préférée des réceptions de l'Ambassadeur, et Serge Gainsbourg, le laid qui plait et qui place ses rimes. On peut également le voir comme un prurit poétique d'un Marinetti pop.

 

La satiété du spectacle

 

 

Cherches-tu vainement au fond de ton Vuitton,

De beaux yeux à visser à tes visages,

De la chair de khôl couleur Caravage

Pour te faire tableau d'une exposition ?

 

Ou alors de l'espoir en réduction,

Qui saura rafraîchir ton maquillage,

De petite poupée aux reflets de ravage,

De pauvre Pandore en pleine perdition ?

 

 

Moi, je gratte mes plaies et je gratte le ciel,

Dans une vieille ville d'ébauches, prises de boisson,

Croyant y trouver le lait ou le miel,

Qui saura me redonner la raison.

 

 

Derrière tes Ray-Ban anti-radiations,

Se jouent des scènes à cent personnages,

Se dressent des bûchers où brûlent mille Carthage,

Et se pressent des cyclopes à la Redon.

 

Et quand les vitrines te font des réflexions,

Quand les mannequins se figent à ton passage,

Tu perds patience, prends la porte, prends ombrage,

Vieil atavisme de gorgone de salon.

 

 

Moi, je gratte mes plaies et je gratte le ciel,

Dans une vieille voiture de luxe, prise de vitesse,

Croyant y brûler le lait ou le miel,

Qui saurait me redonner la raison.

 

 

Sous des cieux Cardin de plus de mille tonnes,

Tu dégustes des diamants sur canapés,

Et tu lèves un verre vide à ma santé,

En te donnant de faux-airs de madone.

Tu as un arrière-goût de belladone,

Un profil de Lempicka aiguisé,

Tu es belle à faire pleuvoir et pleurer,

Les piteuses pythies de Paris Hilton.

 

 

Moi, je gratte mes plaies et je gratte le ciel,

D'un bel autel d'asphalte aux mille étoiles,

Baignant dans le sang, le lait et le miel

Qui auraient dû me redonner ma raison.

 

Uchronies Gainsbouriennes - La Satiété du Spectacle -
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